Ce soir c’est la fête au village. Le quartier de la Marine à Oran ressemble à un pueblito espagnol. Les odeurs des plats cuisinés s’échappant des maisons, les sons de la musique jouée dans les auberges et dans les lieux de débauche, les cris des enfants jouant dans les ruelles, les habits des hommes et des femmes, et les relents des petits poissons croupissant dans les filets des pêcheurs qui sèchent dans les ruelles en pente, tout rappelle l’Espagne du début du siècle. Nous sommes en 1905 et la famille Gimenez, comme la plupart des immigrés débarquant sur cette terre, a trouvé une terre accueillante car peuplée presque essentiellement d’Espagnols. Avec eux, en plus de leur maigre bagage, ils ont apporté tout ce qu’ils sont, leur manière de vivre et leur force de travail. Ces terres presque incultes qui cernent la ville d’Oran peuvent être labourées et ensemencées, car le climat y est exceptionnel et les terrains à défricher immenses. Et puis les Espagnols sont réputés pour les travaux des champs ; de plus, ils sont bons pêcheurs !
On accroche des calicots et des guirlandes de bouts de papier coloré entre les petits balcons des maisons vétustes et poussiéreuses, on nettoie les rues, on chasse les rats, on arrose les pots de fleurs devant les entrées des logements, on lessive à grande eau, et on espère que le temps sera clément, que la nuit étoilée viendra adoucir la noirceur du ciel dégagé. Les pêcheurs rangent les filets qui d’habitude sèchent à même le sol défoncé des ruelles et les carrioles sont remisées. Les crieurs de rue annoncent les réjouissances du soir. Les habitants de ce quartier mettront leur plus beau costume traditionnel, les musiciens répéteront dans l’après-midi sur les scènes montées à la hâte. Les tables seront dressées joliment, les plats du pays d’où l’on vient, d’Alicante, de Almerìa, de Portman ou d’ailleurs seront servis dans les auberges, les gargotes, et le public bruyant pourra danser aux sons des orchestres improvisés sur les placettes. Enfin, on pourra se souvenir de sa ville natale, de l’autre côté de la Méditerranée, et pourquoi pas, se demander ce que l’on fait sur cette terre d’adoption en exil forcé. Faire des comparaisons flatteuses ou pas, entre les deux modes de vie, et se dire peut-être « qu’avant c’était mieux, car l’on était chez soi, malgré la misère et les maladies! »
Bonjour je suis un peu frustrée de ne avoir qu’un extra ait du cha pitre est ce que j’en peux trouver la suite de ce texte qui démarre bien avec c’est descriptions très imagées merci pour votre réponse
Alix ,
Bonjour Alix, Je viens de t’envoyer par émail la séquence complète. À bientôt