L’Amalthée avait accosté dans le port de Marseille, quai de la Joliette. En cette fin juin, le ciel était pesant, comme s’il avait envie de pleurer sur ce qu’il découvrait dans la rade. Antoinette, ses enfants et les autres passagers débarquaient presque tranquillement du bateau qui venait de faire la traversée depuis Alger.
Le bourdonnement, fait des mille bruits du lieu de travail qu’était le port, se trouva avalé par un grondement qui enflait, ress...
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Sous la lune et en plein soleil
La Grande Bleue engloutit les ultimes rayons du disque solaire, là-bas, derrière l’horizon. Une poignée de minutes après vingt heures à l’horloge de l’église Saint-Jean-Baptiste qui vient de sonner. Un chien aboie. Deux autres se battent. Leurs jappements de colère déchirent le silence de la nuit, puis se diluent de loin en loin. La lune déjà pleine, couleur métal, dispense la brillance reçue du fond de l’univers à toute la terre. Quelques constellations surgissent de la pénombre et les ét...
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Commentaires sur La Ménagère rouge
Le 2/02/2022 (message internet)
Cher William,
Je viens de refermer ce magnifique récit et voilà, je te transmets mon ressenti à chaud !
Tes mots sont d’une puissance évocatrice incroyable : j’ai réellement partagé avec ta famille et tes proches tous les moments que tu détailles si bien.
Tes descriptions poétiques sont touchantes et tes explications historiques m’ont appris beaucoup de choses que je connaissais superficiellement.
C’est un véritable hommage à tes ancêtres et à ceux de beauc...
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Méditation le long de l’étang….
Le long des bords de l’étang commencent à fleurir comme les colchiques dans les près, des tags (dessins ? graffitis ? œuvres d’art ?). Les blocs de pierre et rochers sont bien pratiques et à bonne hauteur pour peinturlurer de couleurs vives son prénom. Peut-être pour laisser au temps qui vient un peu de soi-même ? Un peu de sa personnalité ? Ou simplement marquer de son empreinte anonyme une pierre qui n’a rien demandé à personne. Peut-être même ces jets de peinture ont tué des micro-organismes...
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Extrait Chapitre VII Vie quotidienne à Mostaganem
Notre immeuble abritait des familles dont les épouses n’exerçaient aucune activité professionnelle. Résolution féminine ou contrainte de la société coloniale ? Seuls les maris et les jeunes adultes possédaient un emploi, soit sur le port ou dans les entreprises de transports et de construction, soit dans les administrations et dans tous les autres secteurs d’activité pourvoyeurs de postes. La gent féminine dans les années soixante était confinée aux tâches ménagères et à l’éducation des en...
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Extrait Chapitre I La nuit en balancelle
La proue surélevée de la balancelle semblait fendre la ligne d’horizon couleur grenade orangée, comme la lame acérée d’un couteau, un fruit mûr. La grand-voile gonflée par les vents poussait le bateau dans la bonne direction et claquait fortement quand le capitaine donnait des coups de barre maintenant le cap ou pour éviter les vagues qui frappaient la coque sans ménagement. Suite au transbordement dans la balancelle gréée pour le transport de marchandises ou la pêche en haute mer, la famil...
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Extrait Chapitre IV L’étendard de la Maison Riccio
« Tarou » posa son pied droit sur le dernier barreau de l’échelle en bois qui lui avait permis de grimper sur la toiture de notre immeuble, situé au n° 16 de la rue Jean-Bart à Mostaganem. Il redescendait après son exploit : il avait ceinturé fortement la hampe de l’étendard noir de l’OAS autour de la souche d’un conduit de fumée. Son action avait été applaudie par les mères de famille, certaines d’entre elles l’avaient, radieuses, embrassé...
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Extrait Chapitre II La Maison RICCIO
Guy et Patrick, mes deux jeunes frères jouent à l’extérieur de la Maison Riccio – la maison qui nous abrite ainsi que huit autres familles porte le nom de sa propriétaire, une gentille femme, assez âgée – avec d’autres enfants. Un grand terrain vague compris entre l’école religieuse des filles, notre immeuble, délimité par trois rues perpendiculaires, sert de terrain de jeux et d’aventures à la plupart des enfants de ce quartier de la Marine. Il est très bien situé car sous les regar...
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Extrait Chapitre IV Jeux d’enfance
Pour mes amis et moi, dans les années 1958-1959, le choix des jeux était assez restreint : patinette ou trottinette pour les plus vaillants et les plus courageux, distractions de rue comme la marelle ou le ballon prisonnier, osselets, capsules des bouteilles de sodas ou noyaux d’abricot, pour les autres. Sans oublier le jeu du « chaouch », la course des « cerceaux » et les cerfs-volants. Il fallait être inventif pour s’amuser à la sortie des écoles primaires qui n’étaie...
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Avant le temps.
Encore une nuit de plus, à suivre le trajet lumineux des astres dans la sombre immensité, mais cela n’était pas pour lui déplaire. De temps en temps, il s’amusait à pointer son index vers le ciel pour éclipser les étoiles derrière l’un de ses doigts. Il aimait bien se sentir comme enveloppé dans ce cocon de nature que la flore et la faune tapissaient autour de lui. La dernière étoile, orpheline dans l’espace céleste, brillait encore un peu au-dessus de l’étendue ondoyante de la canopée en cette...
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