Prends ma main et refaisons ensemble les contours de nos vies.
Refaisons les partages des pays sans lune et sans soleil,
Sur les chemins de pierres luisantes sous la pluie d’automne.
Regarde devant toi et avance sans te retourner
Car ce qui est à découvrir toi seul pourra le voir
Le sentir, le découvrir tout là-bas au bord du gouffre
Sans fond qui s’ouvre à tes pieds.
Ouvre mes lèvres et chantons ensemble ta louange céleste.
Récitons ensemble les vers d’autrefois appris au coin du feu,
Les lançant vers le ciel qui nous abrite en ces jours bénis de Dieu.
Chantons encore une fois les versets de notre enfance heureuse,
Celle qui nous faisait découvrir le monde et ses arcanes puérils
Dans les yeux émerveillés des passants sans famille et sans nom
Inconnus des états civils de la ville.
Prends mon cœur pour le remplir de ton amour immense.
Dans ce grand brasier sans tison et sans flamme jaune et bleue
Seule la vie consume ses plis et ses contours qui la rendent acceptable.
Mon cœur sans lendemain s’écoule au bord des larmes rondes et chaudes,
Comme des pierres précieuses inondées de lumière irréelle et irisée
Rappelant par là les aventures tumultueuses des hommes nouveaux
Qui gagnaient les batailles avec leur sang.
Prends mon Âme pour la faire danser sur les chemins en pente
Couler vers les vallées de pins et de verdure ondoyante
S’enrouler comme un voile évanescent autour des vieux troncs d’arbres
Laisse-la te chercher en tous lieux, se cacher des regards indiscrets
Et s’ouvrir dans un grand bain de foule ou dans un tout petit ruisseau
Tout m’appelle, Tout me prend, comme un enfant sans rire et sans larme
Nu et dépouillé dans le vaste univers.